Plus qu’un simple eldorado pour les technophiles, l’intelligence artificielle sature aujourd’hui l’espace médiatique puisqu’elle a désormais fait son entrée dans notre quotidien. À l’instar de ChatGPT, on peut désormais « dialoguer » avec cette technologie. Une interaction qui interroge notamment sur la manière dont l’IA va s’inviter dans notre environnement de travail.
Les grandes entreprises et les TPE PME sont-elles concernées de la même façon par la question de l’IA ?
Une entreprise d’une dizaine de salariés n’a évidemment pas les mêmes préoccupations quotidiennes, ni les mêmes ambitions vis-à-vis de cette technologie qu’une multinationale. Cela varie fortement en fonction de la stratégie interne et externe des organisations. Une grande entreprise possède les ressources financières, techniques et humaines pour pouvoir travailler sur le développement de ces outils. Elle peut aussi se diriger vers des offres à construire sur mesure, par l’intermédiaire de modules et d’API* basés sur le cloud. Ce qui représenterait du temps et un investissement colossal pour une TPE PME, qui dispose donc de moins d’options de personnalisation. Elle reste plutôt tributaire des solutions et configurations clés en main fournies par ses prestataires. Les deux types d’entreprises se rejoignent en revanche sur l’attention portée à la confidentialité des données, puisque ces informations alimentent les moteurs et les agents conversationnels.
À quels niveaux se situent les apports de cette technologie dans la digital workplace ?
Une fois les premières réticences dépassées et une véritable conduite du changement engagée, cette technologie n’est définitivement plus un gadget. Elle devient un véritable levier pour analyser de manière très fine les données, pour améliorer l’expérience utilisateur et innover plus rapidement. Autre effet bénéfique : l’automatisation permet de libérer du temps aux employés afin qu’ils puissent se concentrer davantage sur des tâches à valeur ajoutée, comme le conseil. Un assistant intelligent, à l’image du Gemini, est aujourd’hui infusé dans tous les modules de la suite Google Workspace par exemple. Il peut faire de la transcription en temps réel lors d’une visioconférence, synthétiser des tableaux de chiffres, appeler les contenus dans différents documents, résumer des conversations par chat ou par mail, suggérer des réponses… Même s’il existe encore quelques rares effets d’hallucination (l’invention de contenus ni fiables ni réalistes par la machine, ndlr), la réelle force de ces outils repose sur la génération de contenus, du texte mais aussi de graphiques, d’images et de vidéo. L’intérêt de l’IA est de pouvoir créer une synergie entre eux.
La pandémie a révélé un retard à l’allumage en matière de transformation numérique chez les entreprises françaises, notamment chez les TPE et PME. L’intelligence artificielle ne risque-t-elle pas de rajouter de la complexité à cette transition ?
Au contraire, l’IA sert d’accélérateur et facilite le processus de digitalisation. Pour l’analyse de données typiquement, il fallait recourir à des spécialistes et donc y investir des moyens conséquents. Désormais, même les PME peuvent travailler sur des projets directement avec l’IA en se formant. Il n’y a pas encore en France d’adoption franche et massive, mais les digital workplaces dopées à l’IA deviennent progressivement un standard. Les entreprises les plus avancées ont quant à elle bel et bien saisi l’envergure du potentiel de l’IA générative pour innover. Nos clients viennent avec des cas d’usage et des idées très précises. Certains nourrissent des moteurs conversationnels avec des textes juridiques pour créer des chatbots capables de répondre sur des points de loi spécifiques. D’autres, dans le secteur bancaire, nous sollicitent sur la partie expérience utilisateur pour enrichir la qualité de service à proposer à leurs clients, via des réponses automatiques ciblées fournies dans des délais records. Plusieurs spécialistes dans le secteur informatique utilisent aussi ces moteurs de génération pour revoir leurs codes sources ou encore identifier les failles et anticiper les menaces informatiques.
*interface de programmation d’application