La raréfaction du crédit et l’envolée des taux participent bien sûr aux déboires du secteur. Mais cette crise est aussi existentielle. La filière doit faire face à des défis structurels dont on commence à peine à mesurer l’ampleur. Selon une étude publiée en juillet dernier par McKinsey le télétravail pourrait réduire de 800 milliards de dollars la valeur des immeubles de bureaux d’ici à 2030. C’est tout le paradoxe de la situation. En quête d’attractivité et d’expérience collaborateur, les entreprises n’ont jamais autant valorisé le lieu de travail. Sauf que désormais elles veulent plus d’usages et moins de mètres carrés. Une demande de flexibilité et de performance à laquelle le monde de l’immobilier a aujourd’hui bien du mal à répondre.
Pour l’heure, cette équation profite surtout aux spécialistes de l’aménagement. En témoigne le dossier de ce numéro qui revient sur l’engouement actuel pour le mobilier transformable et les solutions modulaires. Finalement, les bouleversements post-Covid n’ont fait qu’accélérer le transfert des questions de pertinence, d’usages et d’adaptabilité du bâti et des surfaces vers les espaces et l’aménagement intérieur. Quelle est la contribution du bureau à la performance de l’entreprise ? Sur cette question devenue centrale, on a plus souvent entendu ces dernières années les acteurs du space planning que ceux de l’immobilier. Pour ce faire, il aura sans doute fallu qu’ils commencent par considérer le bureau non plus comme un simple actif financier, mais bien comme une ressource au service du travail.