Y compris pour les leaders du marché comme Vinted ou Back Market qui parviennent tout juste à être profitables après plus de dix ans d’existence. Et derrière ces poids lourds, une myriade de start-ups spécialisées peinent encore à viabiliser leur modèle. Les défaillances se sont multipliées ces douze derniers mois : Barooders (articles de sport), Beebs (produits autour de l’enfance), Wethenew (baskets de seconde main) ou encore Rediv, notamment, ont été liquidés ou cherchent des repreneurs.
Même la filière BtoB n’est pas épargnée par les doutes. Pionnier sur le segment du mobilier de bureau reconditionné, Bluedigo a été placé en redressent judiciaire en mai dernier. Un coup dur, alors même que de plus en plus d’entreprises se tournent vers la seconde main pour leurs achats. Pression sur les coûts, loi Agec, montée en puissance des critères RSE, et entrée en vigueur de la CSRD : selon les experts de Xerfi, le potentiel de croissance du réemploi sur ce créneau est considérable. Pour le réaliser, les pure-players devront toutefois dépasser le mur de la rentabilité. Et autant dire qu’entre les couts de remise en état, les prix bas imposés par le marché et les difficultés du sourcing, par ailleurs consommateur de cash, le chemin est étroit.
Forcément, dans ce contexte, les récentes initiatives de Lyreco et Manutan ne sont pas passées inaperçues. Jusque-là plutôt discrets sur ce marché, ces deux distributeurs ont annoncé en 2024 le lancement d’offre dédiée à la seconde vie en direction des entreprises et des collectivités (lire notre Dossier page 20). L’un comme l’autre ont de sérieux atouts à faire valoir : une base clients étendue, l’accès à un vivier d’approvisionnement, une logistique bien rodée, ou encore la possibilité de proposer du mix produits avec leur catalogue existant. Non seulement ces acteurs traditionnels ont un rôle moteur à jouer dans l’émergence d’un écosystème circulaire durable. Mais leur capacité à élaborer un modèle opérationnel et rentable aura aussi valeur d’exemple pour toute la filière.