Un déménagement ou un réaménagement de bureaux s’accompagne bien souvent d’un changement de mobilier. Très volumineux, les déchets d’ameublement sont généralement confiés à des entreprises de curage ou de déménagement. Problème: le mobilier est dans la plupart des cas mis en déchetterie pour ensuite être enfoui ou incinéré. Or, il existe différentes solutions de valorisation pour ce genre de mobilier, réputé assez durable et donc réutilisable. « Il y a trois types de seconde vie: la vente du mobilier dans le cas où ce dernier est en très bon état et a encore de la valeur, le réemploi à travers un don à des associations ou le recyclage quand les meubles sont en mauvais état », énumère Arnaud Humbert-Droz, président exécutif de Valdelia.
Sur 100 tonnes de mobilier que l’on nous confie, 95 tonnes seront recyclées et 5 tonnes iront vers du réemploi, Arnaud Humbert-Droz, Valdelia.
Fort de ce constat, l’éco-organisme collecte et recycle gratuitement les déchets d’éléments d’ameublement (DEA) des entreprises sur tout le territoire français, quelle que soit leur taille. « En fonction de l’état des meubles, du réseau local et des zones géographiques, nous proposons au détenteur une solution optimisée pour la seconde vie de son mobilier », explique Arnaud Humbert-Droz.
© Valdelia
Recycler le mobilier
Pour le moment, le recyclage reste la filière majoritaire. « Sur 100 tonnes de mobilier que l’on nous confie, 95 tonnes seront recyclées et 5 tonnes iront vers du réemploi », confirme Arnaud Humbert-Droz. Lorsque le mobilier est trop abîmé, Valdelia s’occupe du transfert du mobilier vers des centres de traitement qui se chargeront de leur recyclage en matières premières secondaires (MPS). Les meubles sont alors démantelés et les éléments réutilisables comme le bois, le métal ou encore le plastique sont récupérés puis transformé en matières premières secondaires. Ces dernières serviront ensuite à fabriquer de nouveaux produits. Par ailleurs, Valdelia a récemment mis en place sept matériauthèques afin de préserver les matériaux et composants encore esthétiques et fonctionnels. Ainsi, une fois les mobiliers démantelés, les composants seront stockés dans ces matériauthèques destinées aux fabricants et acteurs de l’économie circulaire. Ils pourront ensuite être utilisés à moindre coût dans la fabrication de nouveaux produits ou encore dans la réparation de mobilier.
Le circuit de l’occasion
Pour les opérations de réemploi et d’upcycling, Valdelia travaille avec des partenaires qui prennent en charge la seconde vie du mobilier. Plusieurs entreprises sont spécialisées dans la vente de meubles de bureau d’occasion, à l’instar de Tricycle Office (une filiale de Tricycle Environnement), Allée du Bureau ou encore Adopte un Bureau. Ces dernières rachètent le mobilier aux entreprises désireuses de s’en séparer, sous certaines conditions. « Nous revendons uniquement du mobilier durable et haut de gamme », indique Raphaëlle George, directrice générale adjointe de Tricycle Environnement, entreprise spécialisée dans la collecte et le recyclage de déchets tertiaires. Avant de préciser : « Lorsque le mobilier ne peut pas être revendu, nous pouvons le proposer gratuitement à des associations ».
Dans la majorité des cas, les entreprises doivent rénover les meubles qu’elles rachètent avant de les proposer à la vente.
Notre offre de leasing représente aujourd’hui entre 20 et 30 % des ventes sur les projets d’aménagement, Rémy Dahi, Adopte un Bureau.
« Nous devons sélectionner du mobilier d’occasion résistant et haut de gamme, car il n’est pas possible de reconditionner un produit de mauvaise qualité », note Rémy Dahi, responsable marketing et partenariats d’Adopte un Bureau. Au sein de cette start-up, le mobilier est reconditionné dans un atelier à Antony, dans les Hauts-de-Seine. De même, Allée du Bureau dispose d’un atelier de reconditionnement à Crespières, dans les Yvelines. Tricycle Environnement gère de son côté la réparation, le nettoyage, l’embellissement et le redimensionnement du mobilier usagé à travers sa filiale Renov’office. « Nous avons lancé cette activité, car nous avions besoin de redimensionner les plateaux de certains bureaux, changer les assises, les accoudoirs des fauteuils ou encore la serrure d’une armoire de bureau », détaille Raphaëlle George.
Gain financier et achat responsable
Du côté des entreprises, le mobilier d’occasion semble avoir le vent en poupe. « Nous observons de l’intérêt de la part des entreprises pour le mobilier de seconde main, mais la demande est encore fragile. Il est important d’accompagner les détenteurs de mobilier et également les fabricants et distributeurs pour développer la seconde vie du mobilier de bureau », remarque Arnaud Humbert-Droz. Les économies réalisées par l’achat de mobilier d’occasion séduisent notamment les donneurs d’ordre qui ont la possibilité d’acquérir du mobilier haut de gamme à bas prix. « Le prix de nos meubles d’occasion est en général 60 à 70 % moins cher que celui du neuf », précise par exemple Vincent Lavenant, assistant de direction chez Allée du Bureau. « En moyenne, nous revendons le mobilier à 25 % du prix du neuf », informe pour sa part Raphaëlle George.
Auparavant, la principale motivation des entreprises était d’ordre financière. La dimension RSE prend aujourd’hui de plus en plus d’importance, Nathalie Sartre, Allée du Bureau.
Chez Adopte un Bureau, les clients ont le choix d’acheter ou louer le mobilier. « Notre offre de leasing représente aujourd’hui entre 20 et 30 % des ventes sur les projets d’aménagement. La demande a augmenté depuis un an, car cela permet aux entreprises de lisser leurs dépenses au niveau de la trésorerie, ce qui est intéressant dans la période actuelle », analyse Rémy Dahi. L’achat de mobilier d’occasion s’inscrit par ailleurs dans une logique d’économie circulaire qui séduit bon nombre de sociétés. « Les entreprises sont de plus en plus sensibles à la question du gaspillage de mobilier », observe Nathalie Sartre, responsable agence chez Allée du Bureau. Avant d’ajouter : « Auparavant, la principale motivation des entreprises était d’ordre financière. La dimension RSE prend aujourd’hui de plus en plus d’importance ». Un avis partagé par Rémy Dahi : « la seconde vie du mobilier de bureau est devenue un critère de plus en plus pris en compte dans les cahiers des charges et appels d’offres ». Enfin, pour les entreprises qui souhaitent se débarrasser de leur ancien mobilier, il est plus économique, voire rentable, de faire appel à des entreprises spécialisées ou des éco-organismes comme Valdelia. Ces derniers ne factureront pas la prestation d’enlèvement des meubles, contrairement aux sociétés de déménagement ou de curage.
© Tricycle Office
Des demandes émergentes
Le développement du télétravail, accéléré par la crise, tend également à favoriser le réemploi de mobilier. « Nous avons passé des accords avec plusieurs groupes. Certains offrent du mobilier d’occasion à leurs salariés et d’autres négocient des tarifs préférentiels », confie Raphaëlle George. Même constat chez Adopte un Bureau : « depuis quelques mois, nous observons une demande pour du mobilier d’occasion pour le télétravail », constate Rémy Dahi.
Le contexte actuel tend par ailleurs à remodeler l’organisation des bureaux, avec le développement d’espaces collaboratifs et informels. Dans ce cadre, les entreprises spécialisées dans la vente de mobilier d’occasion perçoivent de nouveaux besoins. « Nous observons une demande croissante pour du mobilier adapté aux espaces de convivialité comme des cabines acoustiques, des canapés ou encore des tables basses. Nous pouvons proposer ce genre de meubles en occasion, car nous collectons tout type de mobilier dans les entreprises, y compris celui des espaces informels », relate Raphaëlle George. Reste qu’il est encore difficile d’équiper un grand espace de travail uniquement avec du mobilier d’occasion. « Cela est compliqué pour des raisons de quantités disponibles et d’homogénéité, mais il est tout à fait possible de mixer du mobilier neuf et du mobilier de seconde vie », indique Arnaud Humbert-Droz.
Ainsi, Allée du Bureau vend à la fois du mobilier de bureau d’occasion et neuf. « Nous sommes distributeurs pour la partie mobilier neuf. Nous privilégions des fabricants et des marques que nous connaissons bien », précise Vincent Lavenant.
De même, Adopte un bureau commercialise du mobilier neuf. « Nous commandons des meubles neufs chez des fabricants, car il n’est pas toujours possible d’aménager un bureau avec uniquement du mobilier reconditionné », commente Rémy Dahi. Pour l’activité de mobilier neuf, Adopte un Bureau propose un système de vente avec rachat garanti. « Nous nous engageons à reprendre le mobilier au bout d’un certain nombre d’années. Cela assure une seconde vie aux meubles que nous commercialisons », souligne Rémy Dahi. Le mobilier de bureau offre ainsi de multiples perspectives d’évolution.